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mercredi 18 juillet 2012



Ce qui me tue,

La fuite des cerveaux.

Depuis déjà quelques décennies, le peuple haïtien constate, le cœur brisé, un recul grandissant dans sa vie intellectuelle et son éducation. Visiblement, l’une des causes fondamentales de cet état de fait c’est la fuite des cerveaux. Un coup d’œil rétrospectif nous donnera une idée de son origine. Puis un regard scrutateur étalera sous nos yeux ses conséquences désastreuses sur notre société.

Je me souviens
Il y a de cela vingt à trente ans, Haïti était un pays où il faisait bon vivre. Le peuple gardait jalousement une certaine fierté. Son niveau de vie était acceptable. L’attachement des citoyens à la terre natale était remarquable. Les valeurs intellectuelles y étaient religieusement respectées et l’éducation qu’on y offrait était d’un niveau appréciable. Si vrai que pour faire face à de rudes défis éducationnels, pas mal de pays africains ont recouru au support de plusieurs professeurs haïtiens. De même, les habitants des Bahamas, des Iles turques et de Providenciales savaient venir chez nous pour avoir accès aux soins médicaux. Aujourd’hui tout a changé.

Des Intelligences en dispersion


L’augmentation du taux de chômage et la cherté de la vie ont contraint certains à s’exiler loin du terroir, à la recherche d’une vie meil-leure sous un ciel plus clément. D’autres ont dû partir pour avoir révélé des vérités trop blessantes pour les pharaons du pouvoir ou à cause d’une position politique intolérable aux yeux des TOUT-PUISSANTS à la gâchette un peu trop sensible dont les fils de la nation portent d’innom-brables cicatrices. D’autres enfin sont obligés d’aller chercher ailleurs des compétences intellectuelles qu’un haïtien ne peut pas espérer avoir chez lui.

Voilà pourquoi chaque jour un nombre exponentiel de compatriotes se masse devant les ambassades dans l’espoir d’obtenir un visa pour la terre promise. Alors l’oncle Sam, de Gaule et consort, n’étant pas dupes, donnent le peu de visas disponibles à un groupe de gens à l’avenir très prometteur, dont ils sont très friands : LES INTELLEC-TUELS, cerveau du pays. Et arrivés là-bas, les offres qui leur sont faites et le confort dont ils bénéficient ne les encouragent pas à revenir dans ce pays de misère sans nom.

Les impacts sur la vie de la nation

Évidement, une nation sans cerveau n’a ni guide, ni pensée, ni philosophie de la vie, ni éducation adéquate, ni projet d’avenir, ni même conscience de son état. Pour ainsi dire, la fuite des cerveaux a handicapé ou presque la vie intellectuelle et rabaissé considérablement le niveau d’éducation du pays.

La presse, qui est un organe de formation, d’orientation et d’information pour la nation, est aussi profondément affectée. Car on peut compter parmi les génies évadés un nombre important parmi nos meilleurs journalistes, animateurs et chroniqueurs.
Faut-il souligner aussi que vu la rareté d’hommes et de femmes de valeur, les jeunes et les enfants ont infiniment de mal à se trouver des modèles.

Sans oublier que nos institutions en souffrent mortellement aussi, en ce sens qu’elles n’ont pas à leur disposition les cadres nécessaires en vue d’offrir des services de qualités. Voilà ce qui explique qu’elles accusent tellement de failles.

Parce que nos ressources humaines les plus importantes tendent à s’enfuir loin de nous, le pays - victime de toutes sortes de maux - a de moins en moins de chance de pouvoir sortir de son état lamentable. Toutefois une conscientisation généralisée, la réconciliation de la nation avec elle-même et une amélioration de nos conditions de vie constituent un moyen (probablement le seul) propice pour en venir à bout de ce problème crucial.

Herns Mesamours, President
www.corejene.skyrock.com
corejene@yahoo.fr
3770-4070 (HAITI), 229 364-8330 (USA)
Cap-Haitien, le 13 Avril 2006



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