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mardi 1 avril 2008

Les séquelles de l'esclavage

Ce qui me tue,

Les séquelles de l’esclavage
Historiquement, l’esclavage a disparu en Haïti depuis tantôt deux siècles et plus; le coup de grâce lui a été donné à la proclamation de l’indépendance – une indépendance plutôt nominale. Cependant, socia-lement et psychologiquement il demeure. Il habite notre mentalité, coule dans nos veines et circule dans nos pensées. Il se manifeste dans nos comportements et nourrit nos luttes de classe. Il nous retient enchaînés dans notre enchevêtrement.

La supériorité d’une couleur

Au temps de la colonie, il y avait une échelle de valeur mettant les blancs au premier rang, ensuite les affranchis et enfin les esclaves. Aujourd’hui, avec les mêmes capacités, le même niveau d’étude… un blanc ou un métis sera littéralement supérieur à un noir en Haïti et sera éligible à l’avance pour l’obtention d’un poste.

La supériorité d’une langue

Malheureusement dans toute colonie, la langue de la métropole prévaut sur celle des indigènes. Par ainsi, le français prévalait sur le créole dès le début de la colonisation. Après notre soi-disant indépen-dance le français prédomine encore sur le créole. Une seule et même personne est bien ou mal vue, bien ou mal reçue selon qu’elle parle français ou créole. On vous prend pour un grand intellectuel parce que seulement vous pouvez baragouiner le français - surtout si vous êtes orfèvre dans l’usage des mots ronflants.

Une relation colon esclave

Face au blanc – surtout l’étranger – l’haïtien ordinaire se comporte comme un être inférieur et considère le blanc comme un sauveur, une personne d’un rang supérieur, un demi-dieu. Le blanc, surtout l’étranger – même s’il n’avait pas beaucoup d’importance dans son pays - se voit supérieur à l’haïtien. Il est expert en tout et il peut dicter toujours et infailliblement la formule pour solutionner nos problèmes – même s’il en a plein dans son propre pays.

L’employé en Haïti, surtout celui qui ne peut pas revendiquer ses droits, est, comme l’ancien esclave, taillable et corvéable. Le patron abuse son courage et lui donne un salaire de misère, sans peur d’être puni par la loi. Dans ce pays celui qui fait les travaux les plus pénibles est celui qui reçoit le plus maigre salaire.

Les survivances les plus évidentes de l’esclavage se rencontrent dans les maisons. Le gardien, la servante et la petite bonne appelée méchamment domestique ou Saintanise sont de vrais esclaves. Cette dernière est violée, battue, traitée de toutes les injures. Souvent le chien de la maison est mieux considéré qu’elle.

Une mauvaise conception du travail

L’un des plus grands torts que l’esclavage nous a fait c’est qu’il a terni le vrai sens du travail. Travail était absence de liberté. A cause de cela l’haïtien est oisif et paresseux. Son rêve est de travailler dans un bureau, d’avoir la prestance d’un homme ou d’une femme de la haute société, celle des colons (et de ceux qui leur ressemblent). C’est pourquoi dans les entreprises, certains/certaines secrétaires/réception-nistes préfèrent s’imposer ou blaguer au téléphone au lieu de servir les clients avec empressement.

L’incapacité de l’haïtien à se diriger

Les ministres de l’église qui étaient au service de la colonie avaient fait croire aux esclaves qu’ils auraient été crées inférieurs, faits pour être dirigés (par les blancs) et non pour (se) diriger.
De 1804 à ce jour (27 avril 2006), l’histoire d’Haïti ne comprend pas beaucoup de faits qui puissent prouver que l’haïtien soit en mesure de se diriger convenablement. Ce qui insinuerait que ç’aurait peut-être été mieux que nous ne fussions pas indépendants. Ou bien que dans le cas d’Haïti, esclavage et indépendance ce serait du pareil au même. Ce qui est justifié par la présence des troupes étrangères au pays.

Si même après l’esclavage, ce qui constituait son essence et qui faisait sa laideur demeure, c’est qu’il nous faut une nouvelle révolte, une nouvelle guerre et une nouvelle indépendance. A la seule différence qu’elles ne passeront pas par la violence. Il nous faudra encore des Héros qui voudront se battre et braver les barricades enflammées déjà tendues par les conservateurs fanatiques et rétrogrades, qui préfèrent le statu quo à un changement bénéfique même à leurs propres personnes. Il nous faudra surtout Hérauts, qui au prix de leurs vies, voudront bien s’ériger en apôtres, pour dénoncer l’injustifiable et corriger l’inacceptable.



Mesamours
http://www.corejene.org/
corejene@yahoo.fr
Cap-Haïtien, 27 avril 2006

La fuite des cerveaux

Ce qui me tue,

La fuite des cerveaux.

Depuis déjà quelques décennies, le peuple haïtien constate, le cœur brisé, un recul grandissant dans sa vie intellectuelle et son éducation. Visiblement, l’une des causes fondamentales de cet état de fait c’est la fuite des cerveaux. Un coup d’œil rétrospectif nous donnera une idée de son origine. Puis un regard scrutateur étalera sous nos yeux ses conséquences désastreuses sur notre société.

Je me souviens

Il y a de cela vingt à trente ans, Haïti était un pays où il faisait bon vivre. Le peuple gardait jalousement une certaine fierté. Son niveau de vie était acceptable. L’attachement des citoyens à la terre natale était remarquable. Les valeurs intellectuelles y étaient religieusement respectées et l’éducation qu’on y offrait était d’un niveau appréciable. Si vrai que pour faire face à de rudes défis éducationnels, pas mal de pays africains ont recouru au support de plusieurs professeurs haïtiens. De même, les habitants des Bahamas, des Iles turques et de Providenciales savaient venir chez nous pour avoir accès aux soins mé-dicaux. Aujourd’hui tout a changé.

Des Intelligences en dispersion

L’augmentation du taux de chômage et la cherté de la vie ont contraint certains à s’exiler loin du terroir, à la recherche d’une vie meil-leure sous un ciel plus clément. D’autres ont dû partir pour avoir révélé des vérités trop blessantes pour les pharaons du pouvoir ou à cause d’une position politique intolérable aux yeux des TOUT-PUISSANTS à la gâchette un peu trop sensible dont les fils de la nation portent d’innom-brables cicatrices. D’autres enfin sont obligés d’aller chercher ailleurs des compétences intellectuelles qu’un haïtien ne peut pas espérer avoir chez lui. Voilà pourquoi chaque jour un nombre exponentiel de compa-triotes se masse devant les ambassades dans l’espoir d’obtenir un visa pour la terre promise. Alors l’oncle Sam, de Gaule et consort, n’étant pas dupes, donnent le peu de visas disponibles à un groupe de gens à l’avenir très prometteur, dont ils sont très friands : LES INTELLEC-TUELS, cerveau du pays. Et arrivés là-bas, les offres qui leur sont faites et le confort dont ils bénéficient ne les encouragent pas à revenir dans ce pays de misère sans nom.

Les impacts sur la vie de la nation

Evidemment, une nation sans cerveau n’a ni guide, ni pensée, ni philosophie de la vie, ni éducation adéquate, ni projet d’avenir, ni même conscience de son état. Pour ainsi dire, la fuite des cerveaux a handicapé ou presque la vie intellectuelle et rabaissé considérablement le niveau d’éducation du pays.

La presse, qui est un organe de formation, d’orientation et d’information pour la nation, est aussi profondément affectée. Car on peut compter parmi les génies évadés un nombre important parmi nos meilleurs journalistes, animateurs et chroniqueurs.
Faut-il souligner aussi que vu la rareté d’hommes et de femmes de valeur, les jeunes et les enfants ont infiniment de mal à se trouver des modèles.
Sans oublier que nos institutions en souffrent mortellement aussi, en ce sens qu’elles n’ont pas à leur disposition les cadres nécessaires en vue d’offrir des services de qualités. Voilà qui explique qu’elles accusent tellement de failles.

Parce que nos ressources humaines les plus importantes tendent à s’enfuir loin de nous, le pays - victime de toutes sortes de maux - a de moins en moins de chance de pouvoir sortir de son état lamentable. Toutefois une conscientisation généralisée, la réconciliation de la nation avec elle-même et une amélioration de nos conditions de vie constituent un moyen (probablement le seul) propice pour en venir à bout de ce problème crucial.

Mesamours,
www.corejene.org,
corejene@yahoo.fr
Cap-Haitien, le 13 Avril 2006

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